Reflet des difficultés croissantes rencontrées par de nombreux ménages, l’activité de Crésus a progressé de 10 % l’an dernier. L’association continue à développer de nouveaux moyens pour prévenir le surendettement et accompagner ceux qui en sont victimes.
LES CHIFFRES DE LA BANQUE DE FRANCE étaient pourtant encourageants.
En 2015, l’institution a enregistré une baisse, qualifiée d’historique, du nombre de dossiers de surendettement traités en Alsace. Elle en a ouvert 5065, soit 11,16 % de moins qu’en 2014. À l’évidence, «la réalité du surendettement dépasse celle du nombre de dossiers remis à la commission», a constaté mercredi soir Jean-Luc Lienhardt, le nouveau président de Crésus Alsace, devant les membres et les partenaires de l’association réunis en assemblée générale à Strasbourg en présence de plusieurs élus locaux. La preuve : «Pour l’année 2015, le nombre de nos accompagnements a encore progressé de 10 %», a-t-il indiqué.
42582 personnes accompagnées en 2015
L’association prend en effet en charge toutes les personnes submergées par l’accumulation de crédits, et pas seulement celles dont le cas finit par être traité par la Banque de France. L’an dernier, elle a ainsi accueilli « dans une approche bienveillante », a insisté Régis Halter, son directeur opérationnel 4 631 nouveaux ménages (dont un tiers de l’extérieur de la région grâce sa plateforme téléphonique).
Pour l’essentiel des personnes vivant seules (58 %), âgées de 30 à 49 ans (50 %) qui sont, pour une part sans cesse plus importante, en situation d’emploi (45 %). Si l’on ajoute celles qui se sont tournées vers elle les années précédentes, l’association a accompagné en 2015 42 582 personnes ou familles confrontées à des situations d’exclusion financière, sociale et économique. Ses 13 salariés et ses 73 bénévoles leur ont offert leur écoute, leur aide technique pour éviter que leur situation ne s’aggrave, leur médiation voire leur assistance juridique « pour les aider à retrouver un équilibre financier et une place dans la vie », a souligné Jean-Louis Kiehl, le directeur général de Crésus Alsace. Cette augmentation du nombre de situations difficiles a contraint l’an dernier l’association à renforcer ses effectifs. Or dans le même temps, elle a dû faire face à une baisse du soutien financier de certaines collectivités locales et notamment du conseil départemental du Bas-Rhin. Dans ces conditions, a indiqué M. Halter, « il nous faut aujourd’hui stabiliser notre masse salariale, augmenter le nombre de nos bénévoles » et développer les ressources propres.
Heureusement, Crésus Alsace est de plus en plus sollicité par des banques, des assurances et des organisations professionnelles pour former -moyennant rémunération- leurs salariés à la détection de personnes fragiles. Face à l’augmentation de la précarité financière, l’association va continuer à se déployer sur le territoire. En 2016, l’association va ouvrir de nouvelles permanences (elle en a déjà 11 en Alsace), notamment à Truchtersheim, Benfeld et Erstein.
« Les points Conseil Budget vont aussi monter en puissance », a annoncé M. Halter. Crésus a en effet été choisi pour expérimenter ce nouveau dispositif gouvernemental de lutte contre le surendettement. L’année en cours va enfin lui permettre d’approfondir son nouveau partenariat avec le cabinet Psya, spécialisé en prévention des risques psychosociaux. « Aujourd’hui, a expliqué M. Kiehl, il y a trois suicides par jour en France à cause des difficultés financières. On n’a tout simplement pas le droit d’abandonner les gens à leur sort ».
Article paru dans les DNA, édition du 7 mai 2016